L'Institut historique juif

Zydowski Instytut Historyczny - Varsovie - www.jewishinstitute.org.pl

Zydowski Instytut Historyczny (ZIH), The Jewish Historical Institute. La traduction française devrait plutôt être : « Institut d'Histoire juive », mais c'est l'anglicisme qui prévaut. Il est situé au 3/5, rue Tlomackie à Varsovie.

C'est une source essentielle pour toute recherche en Pologne.

Présentation

L'Institut historique juif de Varsovie se situe dans des locaux construits entre 1928 et 1936, qui abritaient la Bibliothèque juive. Celle-ci fut construite en face de la grande synagogue, édifiée en 1876-1878. Le bâtiment de la Bibliothèque, haut de trois étages, abrita également l'Institut d'études juives, le premier centre de recherche et d'enseignement religieux et laïc, historique et social.

Pendant la guerre, la Bibliothèque se trouvait dans le ghetto ; elle a hébergé le Comité d'aide sociale juive, a organisé des manifestations culturelles et abrité le groupe Oneg Shabat créé par l'historien Emanuel Ringelblum pour transmettre l'histoire du ghetto et des camps ; ce groupe a réuni des milliers de documents (journaux, affiches, dessins, textes, journaux personnels, correspondances, etc.) et a réussi à les cacher pour les préserver. Deux des trois caches ont été retrouvées après la guerre. En mars 1942, le bâtiment de la Bibliothèque juive a été séparé du ghetto et utilisé par les nazis comme entrepôt de meubles. Il a été endommagé, mais pas détruit. La grande synagogue, en revanche, a été dynamitée par les Allemands pour marquer la fin de l'insurrection du ghetto en mai 1943.

Après la guerre, en 1946, les locaux de la Bibliothèque juive ont été attribués au Comité central des Juifs de Pologne, créé en 1944. Une commission historique, la Commission centrale d'histoire juive, a commencé à réunir les traces de la culture juive et travaillé sur l'histoire de l'extermination. L'Institut historique juif a été créé en 1947, avec une mission de recherches sur l'histoire juive en Pologne et de préservation des documents historiques et des objets cultuels. Les « Archives Ringelblum » par exemple y sont entreposées, depuis leur découverte en 1946 et 1950.

Actuellement, l'Institut comporte un musée, un département des archives, un département de la recherche, une bibliothèque, un centre de documentation et une librairie. Dans le hall, une gigantesque carte murale de la Pologne de 1939 trace le nom de tous les shtetlekh de Pologne.

La Fondation Ronald S. Lauder est présente à l'Institut dans un « projet généalogique », par l'intermédiaire duquel elle aide les personnes qui veulent entreprendre des recherches sur leurs familles et les lieux qu'elles ont habités. La connaissance et la mise à disponibilité des archives et des diverses sources existantes est d'une grande utilité. C'est par son intermédiaire que j'ai commencé mes recherches, et j'y suis retournée souvent pour faire le point.

Plus généralement, cette Fondation finance des projets éducatifs en Europe centrale et orientale. À Varsovie, elle a monté une école primaire et un jardin d'enfants au Centre communautaire juif.

L'Institut historique juif de Varsovie permet de trouver des informations sur de multiples thèmes, présentés ci-dessous.

Histoire des communautés

Grâce aux nombreuses documentations des différents départements de l'Institut, on peut reconstituer des éléments d'histoire des shtetlekh, même les plus petits d'entre eux. Publications, archives photographiques, mémoires, etc. permettent toujours d'accumuler des éléments d'information, qui permettent de commencer.

Archives photographiques

Le département de la documentation possède de très nombreuses archives photographiques sur la vie des bourgades avant la Seconde Guerre mondiale, l'architecture des villages, les synagogues, les ruelles, les maisons, les métiers, la vie religieuse, culturelle et politique. C'est une source essentielle pour témoigner de la vie d'avant-guerre. Les photos sont complétées par des plans, parfois des bandes sonores ou des films.

Ce département possède également des photos sur la période de la guerre. Il contribue à la sauvegarde de ce qui demeure du patrimoine historique, par des programmes de réhabilitation des synagogues. Il a recensé les cimetières juifs avant guerre, et œuvre à leur réhabilitation.

Annuaire des professions de 1929

En français et en polonais, sur près d'un millier de pages, il donne quelques informations sur chaque shtetl et énumère ensuite, par profession, la liste des personnes. Pour les grandes villes, les adresses sont parfois données.

Dans cet annuaire, j'ai pu trouver les professions de certains membres de ma famille. J'y ai trouvé aussi le témoin de l'activité artisanale et des petits métiers des shtetlekh qu'habitaient mes parents (quelques pages de cet annuaire sont reproduites dans le repère historique sur le shtetl).

Première page de l'annuaire des professions de 1929.

Correspondances internes des ghettos

L'Institut historique juif de Varsovie détient des archives sur la période de la guerre (War files). Par exemple, les Conseils juifs et les délégations locales des Comités d'entraide sociale juive (ZSS) ont adressé des courriers à Varsovie et à Cracovie, au centre national de l'entraide sociale. Cracovie était devenu le siège du Gouvernement général et donc le centre administratif de la Pologne. On peut obtenir la copie de quelques unes de ces correspondances. Parfois, on y trouve des listes de noms de bénéficiaires de l'aide sociale ou de noms des responsables des comités et des diverses structures collectives. Des documents du Joint (American Jewish Joint Distribution Committee) font partie de ces archives.

Fiches de survivants

Le Comité central des Juifs de Pologne, créé en 1944, s'était aussi donné pour tâche - outre sa commission historique - d'organiser l'accueil des survivants. Des comités juifs locaux étaient apparus partout en Pologne, pour pourvoir aux besoins des gens qui sortaient des camps ou revenaient d'URSS ou quittaient leurs villages d'origine : les comités fournissaient des logements, des vêtements, de la nourriture, avec l'aide du Joint. Ils facilitaient aussi la recherche et les retrouvailles des membres de familles dispersées. Tous ceux qui arrivaient étaient enregistrés.

Le réseau des comités juifs couvrait tout le pays. Les comités s'échangeaient les listes avec les noms et adresses de ceux qui étaient retrouvés et de ceux qu'on recherchait. Une partie des Juifs venait pour rechercher leur famille, une partie pour se reposer et prendre les forces qui leur permettaient de continuer plus loin. D'autres voulaient rester en Pologne et recommencer une vie nouvelle. Pour ceux-là étaient organisées des coopératives de travail. Des asiles de nuit pour les Juifs qui erraient en sortant des camps étaient construits, des stations de séjour pour les sans-abri temporaires étaient montées, des écoles et des dispensaires étaient installés. La recherche des enfants, parfois placés dans des familles catholiques, a constitué une activité importante de ces comités.

Les fiches d'information remplies par les rescapés pour aider les recherches familiales sont archivées à l'Institut historique juif. Un fichier informatique renvoie à un annuaire puis à des fiches cartonnées ; ce sont les originaux qui ont été remplis aux lendemains de la guerre. J'y ai retrouvé les fiches des membres de ma famille partis en URSS et revenus en Pologne en 1946.

Sur chaque « fiche d'information du Comité central juif polonais » sont indiqués les éléments d'état civil, les professions, les lieux de résidence au 1er septembre 1939, pendant et après la guerre, les informations éventuelles sur les personnes portant le même nom, qui séjournaient en Pologne au 1er septembre 1939 et qui auraient survécu. Sont aussi inscrits les moyens grâce auxquels la personne a survécu. Des fiches étaient remplies dans tous les lieux de séjour en Pologne, d'abord lors de l'enregistrement par les comités, puis éventuellement dans les centres communautaires où les survivants étaient envoyés, souvent à l'ouest de la Pologne, dans les territoires récupérés à l'Allemagne. Parfois les informations sont approximatives, tant pour l'état civil que pour les professions, mais c'est toujours une source d'information importante.

Voici un exemple de fiche d'information, avec sa traduction :

Modèle des fiches d'information sur les survivants collectées par les centres communautaires.

Traduction :

1. Nom
2. Prénom
3. Âge
4. Parents (nom et prénom du père, nom de jeune fille de la mère)
5. Adresse
a. en septembre 1939
b. pendant la guerre et après
c. actuelle
6. Métier
7. Personnes portant le même nom qui séjournaient en Pologne le 1er septembre 1939 et qui ont survécu (tableau)
8. Informations complémentaires : moyens grâce auxquelles la personne a survécu
9. Personne qui donne les informations
a. Nom
b. Adresse
c. Lien de parenté avec les personnes déclarées
d. Sources
10. Commentaire de l'employé

Comité de ...
Date

Les dossiers de témoignages

L’Institut historique juif détient tous les témoignages faits par les survivants aux lendemains de la guerre, entre 1945 et 1948. Selon les estimations actuelles, 7 300 textes sont disponibles, de quelques lignes ou de plusieurs pages, en yiddish, en hébreu ou en polonais.

C’est la Commission historique du Comité central des Juifs de Pologne qui collecta les témoignages puis les suscita. Des Commissions historiques se formèrent dans chaque ville et rassemblèrent aussi les archives de ghettos et de camps.

Pour le moment, seulement 1 800 témoignages sont indexés. Les deux tomes du catalogue publié en 1998 contiennent une présentation de quelques lignes en anglais de chacun des textes. Mais ceux-ci ne sont pas traduits intégralement. L’indexation complète, la publication et la traduction de tous ces documents est une source historique majeure. Elle est en cours, mais requiert des moyens importants.

En ligne sur Internet

L’Institut historique juif de Varsovie met en ligne des informations sur les communautés d’avant-guerre : leur localisation géographique, leur histoire avant et pendant la guerre, et des adresses actuelles des synagogues, cimetières, etc. (depuis la page d'accueil du site, cliquer sur « Collections » puis sur « Pre-war Communities »). Pour le moment, cette partie du site web de l’Institut n'est que partiellement traduite en anglais.

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