L'immigration

Après l'immigration essentiellement sépharade qui a suivi la Révolution française, la majorité des Juifs qui s'installèrent à Paris au XIXe siècle étaient des ashkénazes d'Alsace-Lorraine ; d'abord au début du siècle, et surtout après 1871 et l'annexion de cette région par l'Allemagne.

L'immigration en provenance d'Europe orientale s'accrut considérablement à partir de 1881 du fait de l'antisémitisme en Russie après l'assassinat d'Alexandre II, puis de nouveau après 1905. On évalue à 20 000 environ le nombre d'immigrés de l'Est vivant à Paris en 1914.

L'essentiel de l'immigration se produisit dans l'entre-deux-guerres : Russes, Polonais, Hongrois, Lituaniens, Roumains fuyaient la pauvreté, l'antisémitisme, la répression politique ou bien venaient en France en quête d'instruction. A partir de 1930, de nombreux Juifs allemands s'installèrent en France (environ 50 000), mais ne se concentrèrent pas à Paris. On estime à 70 000 le nombre de Juifs d'Europe orientale qui se sont installés à Paris entre 1918 et 19391.

90 000 Juifs de l'Est, sur un total de 150 000 Juifs, vivaient ainsi à Paris dans les années trente : 45 000 Polonais, 16 000 Russes, 12 000 Hongrois, 11 000 Roumains et 1700 Lituaniens et Lettons2. La Communauté juive de Paris était devenue l'une des plus importantes du monde.

Mais tous ces chiffres sont très approximatifs et les sources souvent contradictoires. Une bonne part de l'immigration était clandestine, surtout à partir des années trente. Les nationalités d'origine étaient floues : on était russe ou polonais selon les déplacements de frontières ; et beaucoup ne venaient pas directement du pays où ils étaient nés. Enfin, certains immigrés passaient en France mais n'y restaient pas.

Sources :
Les Juifs à Paris de 1933 à 1939, David H. Weinberg, Calmann-Lévy, 1974. Les références bibliographiques y sont très nombreuses.
Conférences données par Philippe Boukara à la Maison de la culture yiddish en 2002.
Les Enfants de papier, Didier Epelbaum, Grasset, 2002.

1. Le dernier recensement indiquant la mention « Juif » est celui de 1872. Après cette date, les chiffres sont estimés par le Consistoire.
2. Sur les 330 000 Juifs qui vivaient en France en 1940, un peu moins de la moitié (130 000 à 140 000) étaient des étrangers. 75 000 étaient de nationalité polonaise, 26 000 étaient des Français nés de parents polonais ou de parents français nés en Pologne. Ainsi, la première et la deuxième génération représentaient environ 100 000 personnes.

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