L’UGIF, Union générale des israélites de France et l’OSE, Organisation de secours à l’enfance

Dès janvier 1941, les Allemands font pression pour que soit créé un Comité de coordination des œuvres juives d’assistance de Paris, sous leur contrôle, regroupant des œuvres existantes. En mars 1941, les quatre associations qui y participent élisent leur président. En avril 1941, les Allemands précisent les attributions de cet organisme : « Dans le cadre du traitement du problème juif, la création d’un organisme de coercition devient nécessaire. (…) Les Juifs auront par la suite la tâche de pourvoir, à tous égards, à leur fonctionnement, pour en décharger les finances publiques. » En pratique, aucune organisation à but coercitif, à l’image des Judenräte d’Europe de l’Est, ne sera créée et aucune fonction répressive ne sera exercée par les organismes existants.

Le gouvernement de Vichy, par une loi du 29 novembre 1941, crée l’UGIF, placée auprès du Commissariat général aux questions juives ; elle « a pour objet d’assurer la représentation des Juifs auprès des pouvoirs publics, notamment pour les questions d’assistance, de prévoyance et de reclassement. Elle remplit les missions qui lui sont confiées dans ce domaine par le gouvernement. »

Au sein même de la Communauté juive, les réactions sont diverses : certains veulent éviter toute collusion alors que le statut des Juifs est déjà adopté, d’autres préfèrent se rallier à une autorité exercée par la France pour éviter d’être soumis au contrôle direct des Allemands. Finalement, fin décembre 1941, une partie de la Communauté coopère et désigne un président de l’UGIF. Celle-ci se débat avec des problèmes financiers, devant par exemple payer une amende aux Allemands en représailles à l’assassinat d’un officier, et surtout lorsque l’occupation de la zone Sud la coupe d’une partie de ses ressources extérieures.

La principale activité de l’UGIF est de recueillir les enfants dont les parents sont arrêtés. L’OSE, Organisation de secours à l’enfance, est partie prenante de l’UGIF. Cette organisation avait été créée en Russie en 1912 pour venir en aide aux populations défavorisées ; elle s’installa à Berlin en 1923, puis à Paris en 1933 ; elle accueillait alors les enfants juifs fuyant l’Allemagne et l’Autriche. En 1940, à l’approche des troupes allemandes, toutes les maisons d’enfants sont évacuées vers le Sud. Elle dirige 14 centres.

Le bilan de l’UGIF est controversé. Les organisations de la résistance l’ont dénoncée comme un instrument de collaboration. Elle disposait de listes d’enfants, qui ont été utilisées par les Allemands et le régime de Vichy. Les enfants des centres et les responsables seront finalement déportés. Mais entre-temps, l’UGIF et l’OSE ont réussi à placer de nombreux enfants dans des familles d’accueil en zone Sud, en prenant en charge les frais d’hébergement. Un réseau clandestin de placement avait été créé en 1943, en lien avec la Résistance, pour cacher les enfants sous de fausses identités.

Sources :
Le Calendrier, Serge Klarsfeld, FFDJF, 1993.
La Destruction des Juifs d’Europe, Raul Hilberg, Fayard, 1988.
La Résistance juive en France, Lucien Lazare, Stock, 1987.
Un engrenage fatal, Michel Laffitte, Liana Levi, 2003.
Juif dans la France allemande, Michel Laffitte, Tallandier, 2006.
Organisation juive de combat, France 1940-1945, Résistance / sauvetage, ouvrage collectif, Éditions Autrement, 2006.

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